Christine de Pizan : féministe avant la lettre ?

Christine de Pizan est-elle l’une des premières féministes de l’histoire ? Poétesse et philosophe de la fin du Moyen Âge, elle est la première écrivaine francophone à vivre de sa plume. La Librairie des ducs de Bourgogne compte de nombreux ouvrages de cette personnalité exceptionnelle. Mais comment est-elle devenue une autrice prolifique ? Et qu’est-ce qui rend son œuvre si intéressante ? A découvrir lors d’une visite guidée le 3 septembre prochain.

Découvrez l’événement En savoir plus sur le KBR museum

Qui est Christine de Pizan ?

Née à Venise vers 1364, Christine de Pizan est la fille de Thomas de Pizan, médecin et astrologue du roi de France Charles V. Son père lui offre une éducation privilégiée, l’encourage à s’instruire et éveille son goût pour les lettres. Christine jouit ainsi d’une double culture prenant racine à la fois dans l’humanisme italien et les milieux intellectuels parisiens. À l’âge de 15 ans, elle épouse le secrétaire du roi, Étienne de Castel, un homme lettré et cultivé.

Débuter en tant qu’autrice

Christine a 25 ans lorsqu’elle perd son père puis son mari et se retrouve seule avec trois enfants, sans aucun soutien ni revenu. Elle choisit de ne pas se remarier. Pour subvenir à ses besoins, elle décide de vivre de sa plume. Profitant de ses relations haut placées et développant un réseau professionnel, elle commence par écrire des poèmes courtois.

Au XVe siècle, la poésie est une des seules façons pour les femmes de la haute société d’intégrer le monde littéraire. Elle parvient à révolutionner ce champ et construit sa légitimité d’écrivaine travaillant ses sources et son style. Le succès de ses publications est tel que même les membres de la famille royale lui commandent des œuvres, notamment le duc de Bourgogne Philippe le Hardi et le duc de Berry.

Une véritable entrepreneuse

L’autrice est également copiste. On conserve d’elle de nombreux manuscrits autographes, avec des corrections de sa main. Pour les miniatures, Christine fait régulièrement appel aux mêmes artistes et n’hésite pas à donner des indications précises sur la décoration. Elle prend aussi part activement à la confection et la distribution de ses œuvres. Elle est ainsi probablement à la tête d’un petit atelier de production de manuscrits.

Plume critique

Assez rapidement, Christine de Pizan intègre ses propres opinions dans son œuvre. Elle étudie l’histoire, la philosophie et la politique. La plume devient, chez elle, une arme de réflexion critique sur la société de son temps et un instrument pour faire entendre sa voix aux puissants.

Dès ses premiers textes, elle lutte contre les préjugés misogynes diffusés notamment dans certains ouvrages littéraires ou des discours de l’Église. Elle aime à rappeler que les femmes ne sont pas que des vierges, des épouses ou des veuves et qu’elles devraient jouer un rôle actif et éclairé dans la société, en politique, pour la guidance morale des peuples.