KBR enrichit sa collection de trois dessins d’Armand Rassenfosse

KBR enrichit sa collection d’estampes et de dessins de trois dessins de l’artiste belge Armand Rassenfosse (1862-1934). Ils rejoignent ainsi quelque 20.000 dessins d’artistes belges déjà conservés au Cabinet des Estampes. Ces nouvelles acquisitions reflètent la richesse thématique et la diversité stylistique de l’œuvre de Rassenfosse tout en complétant la collection fin-de-siècle de KBR.

Peintre et graphiste liégeois

Originaire de Liège, Armand Rassenfosse est un peintre, graphiste et illustrateur de livres. Destiné à reprendre l’atelier de décoration d’intérieur de ses parents, il se consacrera finalement aux arts plastiques.

KBR vient d’acquérir trois dessins de cet artiste :

  • un dessin dans le style de Félicien Rops accompagnant l’eau-forte Le Joujou (1892)
  • un projet de sgraffite pour la maison d’édition liégeoise Bénard (1903)
  • une esquisse humoristique du peintre belge Gustave Van de Woestyne (vers 1920)

KBR conserve déjà la collection quasi complète des œuvres graphiques de Rassenfosse mais peu de ses dessins. Aucune de ses premières œuvre fin-de-siècle n’en faisaient partie, par exemple. Ces dessins viennent donc combler plusieurs lacunes dans la collections d’œuvres de Rassenfosse conservées à KBR.

Inventeur de la technique « Ropsenfosse »

Le style d’Armand Rassenfosse s’apparente à celui d’un autre artiste célèbre, Félicien Rops (1833-1898), avec qui il lie une amitié étroite. Ensemble, ils mettent au point une technique de gravure particulière connue sous le nom de « Ropsenfosse ». C’est grâce aux contacts avec Rops que Rassenfosse concrétisera son œuvre majeure : l’édition illustrée du recueil de poésie Les Fleurs du mal (1899) de Charles Baudelaire.

Les dessins à la loupe

Le Joujou: en dialogue avec Rops

En dessous de sa gravure à la pointe sèche, Le Joujou (1892), Rassenfosse a réalisé un dessin qui entre en dialogue avec une estampe satirique de Félicien Rops intitulée Ma fille, Monsieur Cabanel.

Les deux œuvres montrent comment une mère présente sa fille à un homme se trouvant hors champs. Chez Rops, la jeune fille semble être proposée comme modèle au peintre français Alexandre Cabanel. Chez Rassenfosse, toute ambiguïté est levée puisque les gants et le chapeau de l’homme que l’on devine sont déjà posés sur un meuble. L’attitude mélancolique de la jeune fille et la cruelle réalité de l’amour tarifé contrastent fortement avec Le Joujou, l’estampe plus ludique en haut à gauche du dessin. La gravure montre une actrice confiante qui divertit ses invités avec un joujou – un jouet en forme d’homme habillé.


Étude pour une marque d’Edition

Le dessin de 1903 est tout à fait conforme au style Art Nouveau alors populaire ou jugendstil. Le dessin au crayon d’une femme nue avec un livre a été élaboré avec de la peinture dorée. (Malheureusement, vous ne pouvez pas percevoir cet effet brillant sur la photo.)

Etude pour une marque d’Edition, 1903. Crayon, craie rouge, aquarelle et peinture dorée sur papier.

Au verso, le dessin est identifié comme un dessin préliminaire pour un sgraffite, plâtre décoratif qui était très populaire au tournant du siècle. Le dessin a probablement été commandé par l’éditeur liégeois Auguste Bénard, chez qui Rassenfosse était employé à cette époque. On ne sait pas si le dessin a également été exécuté sous cette forme, mais une ancienne photographie de la Maison Bénard montre une décoration de façade similaire en sgraffite réalisée d’après les dessins de Rassenfosse.

Maison Bénard : décoration de façade en sgraffite

Le dessin de KBR est également très similaire à la nouvelle marque de Bénard qui apparaît sur une affiche que la firme liégeoise a mise sur le marché en 1907.

Marque d’édition Bénard

Van de Woestyne dirigeant

Il s’agit d’une œuvre ultérieure de Rassenfosse (vers 1920) qui illustre parfaitement ses qualités de caricaturiste. La représentation montre le peintre belge Gustave Van de Woestyne (1881-1947) en tant que chef d’orchestre.

Armand Rassenfosse, Van de Woestyne dirigeant, ca. 1920. Graphite et plume sur papier.

C’est peut-être un clin d’œil au Violoniste aveugle (1920), tableau de Van de Woestyne conservé au Musée des Beaux-Arts de Liège :

Gustave Van de Woestyne, Le violoniste aveugle, 1920 © Jacques Declercq, KIK-IRPA

Bien sûr, nous pouvons aussi le voir au sens figuré, comme un hommage à un peintre pionnier qui dirige une nouvelle génération d’artistes d’avant-garde. Le croquis n’est donc pas seulement une caricature réussie, mais aussi un document temporel intéressant pour l’histoire de l’art.

Découvrez ces documents et les autres collections de KBR dans notre catalogue.


Images

  • Armand Rassenfosse, Le Joujou, 1892. Pointe sèche et gravure avec un dessin original à la plume et à l’encre et crayon de couleur sur papier, 280 x 190 mm. KBR, inv. F-2022-47 [catalogue]
  • Félicien Rops, Ma fille, Monsieur Cabanel, s.d. Pointe sèche, 267 x 134 mm. KBR, inv. S.III 17916 [cataloguslink]
  • Armand Rassenfosse, Étude pour une marque d’Édition, 1903. Crayon, craie rouge, aquarelle et peinture dorée sur papier, 145 x 200 mm. KBR, F-2022-48 [catalogue]
  • Maison Bénard, Liège © Gérard Michel
  • Emile Dupuis, Imprimerie Bénard (détail), après 1907. Affiche, 1670 x 1190 mm. Musée de la Vie wallonne, inv. A. 89256
  • Armand Rassenfosse, Van de Woestyne dirigeant, vers 1920. Graphite et plume sur papier, 210 x 300 mm. KBR, F-2022-49 [catalogue]
  • Gustave Van de Woestyne, Le violoniste aveugle, 1920. Huile sur toile, 163 x 137 cm. Liège, Musée des Beaux-Arts, AM 334/1125 © Jacques Declercq, KIK-IRPA