Nouvelle acquisition : À table de Jenny Montigny

Photo : © Cedric Verhelst, Thomas Deprez Fine Arts

 

Alors que KBR possède une importante collection de dessins fin de siècle, un aspect essentiel de l’art belge du début du XXe siècle, est encore souvent occulté : la contribution fondamentale des artistes féminines. L’une des femmes peintres les plus en vue à cette époque est sans conteste Jenny Montigny (1875-1937). Le Cabinet des Estampes de KBR a récemment acquis un de ses premiers dessins: À table datant de +/- 1900.

 

Un dessin « luministe »

Cette superbe scène d’intérieur se compose d’un magistral jeu d’ombre et de lumière, caractéristique principale du luminisme, courant artistique dont Jenny Montigny est une représentante importante. Le dessin évoque un intérieur bourgeois, vraisemblablement la demeure familiale de l’artiste, et est resté chez ses descendants jusqu’en 2020. Il s’agit d’un des deux dessins de Jenny Montigny figurant dans l’ouvrage de référence Impressionnisme et fauvisme en Belgique de Serge Goyens de Heusch.

L’artiste utilise une technique de dessin caractéristique du pointillisme.  Les traits courts et puissants et la variation de densités suggèrent une riche gradation de tons. Cette manière de dessiner s’apparente aux œuvres post-impressionnistes de Georges Lemmen, Théo Van Rysselberghe et leurs contemporains. Bien que ce dessin ne soit pas signé, il est probable que Montigny l’ait considéré comme une œuvre à part entière.

 

Jenny Montigny, À table, ca. 1900-10. Conté sur papier, 185 × 180 mm. KBR, Estampes et dessins, inv. F-2021-1

Photo : © Cedric Verhelst, Thomas Deprez Fine Arts

 

 

Jenny Montigny, une femme indépendante

Jenny Montigny naît dans une famille de la riche bourgeoisie gantoise. Son intérêt pour l’art est attisé après la découverte de l’œuvre impressionniste du peintre flamand Émile Claus, originaire de la même ville. Cette révélation la pousse à suivre ses cours privés dans sa maison de campagne, la Villa Zonneschijn.

 

Mais ses parents ne la soutiennent pas dans ses ambitions artistiques. Dès lors, Jenny Montigny choisit de s’établir de manière autonome à Deurle, dans la banlieue gantoise, en 1904. Il est à noter qu’elle est l’une des rares artistes féminines de son époque à s’installer de manière indépendante, sans parents ni époux. En 1902, elle fait ses débuts au Salon de Gand et est l’un des membres fondateurs de l’association d’artistes Vie et Lumière, au même titre qu’Émile Claus ou James Ensor.

 

Emile Claus et Jenny Montigny dans sa maison à Deurle, 1920. Photo. Lieu de conservation inconnu

 

Ces dernières années, l’œuvre de Jenny Montigny bénéficie d’un regain d’intérêt en Belgique et à l’étranger. En 2019, la ville de Gand donne d’ailleurs son nom à l’une de ses rues.

 

Un enrichissement pour la collection de dessins

KBR possède déjà d’une série de gravures de Jenny Montigny mais ne conservait pas encore de dessin de l’artiste. En outre, les œuvres d’artistes féminines restent encore sous-représentées dans la collection. Cette acquisition répond à l’ambition du Cabinet des Estampes de pouvoir montrer un aperçu le plus représentatif possible des arts graphiques belges et ce, dans toute sa diversité.

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