Historique du Cabinet des Médailles

Ayant vu le jour le 8 août 1835 en tant que « collection de médailles appartenant à l’Etat » au sein du « Musée d’armes anciennes, d’armures, d’objets d’art et de numismatique », le Cabinet des Médailles fut rattaché à KBR le 2 août 1838. Des crédits furent alors consacrés à l’achat de pièces de collection. Le graveur de la monnaie de Bruxelles J.-P. Braemt, chargé de la mission, en acquit 3.570 (32 en or, 1.051 en argent et 2.487 en bronze et métaux divers). En 1843, l’Etat belge acheta la collection de la ville de Bruxelles (2.740 monnaies, médailles, jetons et méreaux), dont le catalogue fut rédigé par Joachim Lelewel.

Collections privées

Les premiers conservateurs développèrent dès le début la collection en constituant des séries de monnaies et de médailles centrées sur les anciens Pays-Bas. Pour ce faire, ils achetèrent plusieurs collections privées très spécialisées : monnaies carolingiennes (1862), brabançonnes de L. De Coster (1865), monnaies du Hainaut de R. Chalon (1868), divers lots de pièces liégeoises de J. de Chestret de Haneffe (1883 à 1892), médailles des Pays-Bas (1865), jetons de L. Geelhand (1887), jetons bruxellois de E. Van den Broeck (1897), collection Robiano (1893).

Albéric du Chastel

La collection d’Albéric du Chastel fut acquise en 1899 grâce à un crédit spécial de 300.000 francs-or. Forte de quelque 800 pièces grecques et romaines, elle est exceptionnelle par la rareté et la conservation de ses exemplaires. Cette collection contient plusieurs raretés de premier ordre comme l’aureus d’Uranius Antonin.

Tetradrachme d’Aetna

Le don le plus précieux, celui de la collection de Lucien de Hirsch, eut lieu en 1900. Elle fut léguée par la mère du collectionneur à l’Etat belge après son décès en 1899. Les 1.877 pièces de la collection se distinguent par leur qualité irréprochable. Parmi les pièces figure le tétradrachme d’Aetna, l’une des monnaies les plus précieuses du monde, frappé entre 476 et 461 av. J.-C. En plus des monnaies, le legs comprend une riche bibliothèque et une collection de vases, de statuettes et d’objets archéologiques de premier plan tel ce poignard cérémoniel du pharaon Kamosis mis au jour par l’égyptologue Mariette.

XXe siècle

De nombreuses autres donations ou acquisitions ont jalonné le cours du XXe siècle. En 1904, le don H. Surmont de Volsberghe vint enrichir la collection du Cabinet des Médailles de plusieurs centaines de monnaies, médailles, décorations et de jetons. La collection de médailles comprend notamment la plupart des oeuvres de Théodore van Berckel, le médailleur le plus important du XVIIIe siècle pour nos régions, et une suite sans pareille d’insignes et de médailles liées à la Révolution brabançonne.

En 1924, le Cabinet des Médailles et la Fondation universitaire acquirent chacun la moitié de la collection du vicomte B. de Jonghe. Celle-ci comprenait plus de 6.000 monnaies gauloises, mérovingiennes, carolingiennes et de toutes les principautés et seigneuries des Pays-Bas. La part de la Fondation universitaire fut très tôt déposée et bientôt donnée au Cabinet des Médailles.

Trésor de Liberchies

En 1971, la Banque Nationale permit au Cabinet des Médailles d’être le dépositaire du fameux trésor de Liberchies composé de plusieurs centaines d’aurei romains. En 1976, le Cabinet des Médailles acquit en une fois la collection de décorations formée par Dom Grégoire De Clercq, collection riche de 5.549 pièces. Aujourd’hui encore, le Cabinet des Médailles continue d’être l’objet de libéralités importantes, telles les donations faites par Claude Roelandt (1998-99: plusieurs milliers de monnaies de ces trois derniers siècles) ou par les héritiers de Zéphyr Henin (plusieurs milliers de monnaies également, de l’Antiquité à nos jours). Répétons toutefois que, à côté de ces dons, les collections nationales se sont surtout enrichies grâce à l’utilisation judicieuse du budget qui, bon an mal an, leur a été attribué.

Pour en savoir plus

  • J. Lallemand, Le Cabinet des Médailles, dans Bibliothèque royale. Mémorial 1559-1969, Bruxelles, 1969, p.297-309.
  • C. Ben Amar, The Dagger of Pharaoh Kamose, the oldest glory of the Royal Library of Belgium, dans In Monte Artium, 5, Bruxelles 2013, pp. 45-67.