Un Bruegel peut en cacher un autre…

La découverte d’une nouvelle estampe d’après Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569) n’est pas chose fréquente. Pourtant, lors de la restauration de l’œuvre intitulée L’opération de la pierre de folie ou La Sorcière de Mallegem conservée dans la collection de KBR, notre stagiaire Margaux Nogues a fait une incroyable découverte : au dos de l’estampe se cachait une deuxième estampe de Bruegel.

Un carton trop acide

L’estampe en question nécessitait impérativement une restauration mais était entièrement collée sur un carton acide. Ce type de support est non seulement dommageable pour l’œuvre en tant que telle mais rend également impossible la restauration de son verso. Le retrait du carton permettait donc à la restauratrice de préserver le document.

L’heure du bain…

Avant de placer la gravure dans un bain d’eau chaude pour en retirer le carton, des tests sont effectués afin de vérifier que la colle entre le carton et l’estampe est bien soluble dans l’eau.

Une fois l’estampe plongée dans le bain, l’eau pénètre immédiatement le carton permettant ainsi de de le retirer plus facilement. Á son grand étonnement, après avoir retiré le carton, notre stagiaire Margaux Nogues a découvert une deuxième gravure au dos de l’œuvre : La Patience.

La feuille de papier comporte non pas une mais deux gravures exécutées par Pieter van der Heyden (vers 1530-1572) d’après les dessins de Pieter Bruegel l’Ancien : L’opération de la pierre de folie ou La Sorcière de Mallegem datant de 1559 et la Patience de 1557. Les deux gravures ont été éditées à Anvers par l’éditeur Hieronymus Cock (1518-1570).

Une découverte exceptionnelle

Au XVIe siècle, l’impression des deux côtés d’une feuille n’est pas courante. Il est, en effet, très rare de trouver une gravure sur le recto et une deuxième sur le verso d’un même support.

Les plaques de cuivre utilisées pour ces impressions n’ont pas la même taille. La presse utilisée exerce une forte pression de sorte que les images s’incrustent plus profondément dans le papier. On peut ainsi remarquer que les « bords des plaques » ne correspondent pas tout à fait. Il est donc possible qu’il s’agisse d’une épreuve qui n’était pas initialement destinée à la vente.

Même si KBR possède déjà trois tirages de La Patience dans sa collection, cette découverte reste cependant tout à fait exceptionnelle.

La personnification de la Patience

La Patience ainsi redécouverte est en fait l’illustration de sa personnification. Elle est entourée de monstres et de créatures fantastiques, qui ne sont pas sans rappeler le style d’un certain Hieronymus Bosch (ca. 1450-1516), et qui représentent le mal et les péchés du monde.

La légende en latin peut être librement traduite par : « La patience est le fait d’endurer sereinement les maux qui nous entourent ou nous frappent. »

Dans cette œuvre, Bruegel se moque ouvertement de l’Église catholique romaine en représentant plusieurs moines mais également un géant portant un chapeau de cardinal. Cette partie de l’estampe sera d’ailleurs censurée dans les versions suivantes.

La collection d’estampes de KBR

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