En 1830, à la veille de l’indépendance de la Belgique, le cartographe Philippe Vandermaelen (1795-1869), auteur d’un important Atlas universel qui l’avait rendu mondialement célèbre, créa l’Établissement géographique de Bruxelles. S’appuyant sur sa fortune personnelle, sur des collaborateurs et des techniciens qu’il formait lui-même et sur une technique de reproduction, la lithographie, qu’il fut le premier à appliquer de façon intensive à la cartographie, il devint le plus grand et le plus productif des cartographes belges de son siècle, le cartographe de l’État et des institutions publiques comme celui de l’entreprise privée.
Parmi l’immense production de Philippe Vandermaelen, dont KBR acquit la majeure partie à la fermeture définitive de l’Établissement géographique de Bruxelles en 1880, la section des Cartes et Plans conserve :
- l’Atlas universel en 400 feuilles (1825-1827), premier atlas du monde à échelle unique et première représentation à grande échelle de l’ensemble des continents non-européens ;
- l’Atlas de l’Europe en 165 feuilles (1829-1833) ; les Cartes topographiques de la Belgique au 1:80 000 en 25 feuilles (1841-1853) et au 1:20 000 en 250 feuilles (1846-1854), qui précédèrent celles du Dépôt de la Guerre, actuel IGN ;
- des centaines de plans de villes, de cartes géologiques, ferroviaires, industrielles, statistiques, militaires, de cartes pour l’instruction publique, des annuaires et des dictionnaires géographiques, des atlas historiques, des cartes d’autres pays et d’autres continents, des globes…
Depuis les années 1990, la volumineuse production cartographique de Vandermaelen conservée à KBR fait l’objet d’un inventaire raisonné. Cinq volumes d’inventaires sont publiés entre 1994 et 2011 :
- les quatre premiers concernent les cartes et les plans de Belgique
- le cinquième est consacré à l’Atlas universel
- un sixième volume constitue le Répertoire biographique des collaborateurs de l’Établissement géographique de Bruxelles et de l’École Normale (Autour de Philippe Vandermaelen, 2014).
Le septième volume se concentre sur L’Établissement géographique de Philippe Vandermaelen, qui, en plus d’être une entreprise cartographique, regroupait une bibliothèque géographique et scientifique extrêmement riche, une mappothèque impressionnante, une banque de données sur fiches, une galerie d’histoire naturelle, un cabinet d’anatomie comparée, un cabinet de physique, un laboratoire de chimie, un médaillier, un musée ethnographique, un planétarium, des serres, un jardin botanique. Le tout mis à la disposition des chercheurs. Il y avait également une école modèle, une école moyenne et une école normale, des cycles de conférences et des cours publics et gratuits.
Cette entreprise privée, qui a toujours fonctionné sans le moindre subside public, portait en elle, à l’heure où le jeune Etat belge était en train de se construire, l’embryon de plusieurs de nos institutions scientifiques. Avant tout autre, en effet, son fondateur mit en place des instruments, des institutions, des réseaux, des dynamiques, des initiatives que l’État belge n’avait pas les moyens de prendre.
Le Projet Vandermaelen s’attache à vérifier cette thèse dans de nombreux domaines : la recherche scientifique, la constitution de réseaux scientifiques internationaux et de banques de données statistiques, l’organisation de voyages d’exploration, l’enseignement, et bien sûr la cartographie (Histoire de la première entreprise cartographique et scientifique de la Belgique indépendante, 2016).