Les 100 objets soigneusement sélectionnés dans ce livre – des ustensiles de tous les jours aux chefs-d’œuvre extraordinaires – rendent l’Histoire de notre pays tangible. Chacun relate la vie dans nos contrées, de la préhistoire à nos jours.
Le psautier latin de Guy de Dampierre
Le psautier latin de Guy de Dampierre, comte de Flandre de 1278 à 1305, a été réalisé à Bruges ou à Gand. Le livre de psaumes du comte de Flandre contient d’une part des textes pieux en latin et d’autre part un monde merveilleux et aventureux dans lequel alternent amour courtois, scènes de bataille, de chasse et de travail.
Dans la marge du folio 175 se trouve une petite miniature représentant un lièvre lisant un livre tandis que le renard lui mord l’oreille droite. Il s’agit sans aucun doute d’une référence au passage de Van den Vos Reynaerde, dans lequel Reynaert convainc le lièvre Cuwaert qu’il lui enseignera le credo afin qu’il puisse devenir aumônier. En réalité, le renard voulait mordre la gorge de son élève. L’interprétation contemporaine est qu’il s’agit d’une allusion à une relation homosexuelle. Reynaert apparaît plusieurs fois dans le livre de psaumes. C’est inhabituel, car les deux manuscrits et les trois fragments de l’histoire du XIIIe siècle qui nous sont parvenus ne comportent aucune illustration.
Découvrez cette œuvre numérisée :
À la maison à la cour de Bourgogne : Les Chroniques de Hainaut
Les « Chroniques de Hainaut » sont le chef-d’œuvre de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne. Le manuscrit de Jean Wauquelin figure parmi les 50 manuscrits les plus prestigieux du monde. La miniature d’ouverture, qui nous plonge dans l’intimité d’une chambre du palais ducal, est mondialement connue. Elle est attribuée à Rogier van der Weyden, qui compte parmi les plus grands artistes du XVe siècle. Bien qu’il n’y ait aucune preuve documentaire qu’il ait peint la miniature, les analyses stylistiques (notamment l’élaboration des visages), l’étude des dessins sous-jacents et la technique picturale suggèrent que la miniature est bien de sa main.
La miniature d’ouverture des Chroniques de Hainaut a tellement impressionné les contemporains qu’elle a été copiée à de nombreuses reprises par d’autres artistes. Elle est un modèle de référence et peut-être l’image la plus emblématique de la culture bourguignonne.
Feuilletez le manuscrit numérisé :
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/16995140
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/18312566
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/18312911
Le début de l’imprimerie : Speculum conversionis peccatorum
Un livre n’a pas besoin d’être spectaculaire pour être spécial. Le Speculum conversionis peccatorum (Miroir de la conversion des pécheurs) est le tout premier livre sorti des presses dans les Pays-Bas méridionaux. Il a été imprimé en 1473 à Alost par Dirk Martens et Johannes van Westfalen, moins de 20 ans après l’invention de l’imprimerie par Johann Gutenberg.
Il provoque une véritable révolution dans les Pays-Bas. L’augmentation exponentielle du nombre de livres entraînera une accélération des idées et des courants intellectuels, tels que la Réforme et l’humanisme. L’ouvrage lui-même est l’œuvre du moine chartreux Dionysius van Rijckel. Ce petit livre d’à peine 28 pages s’inscrit dans la tradition des ouvrages moralisateurs.
Consultez le livre dans notre catalogue :
Speculum conversionis peccatorum – OPAC (kbr.be)
Missel du roi Matthias Corvinus
Le Missale Romanum a été réalisé entre 1485 et 1488 pour le roi de Hongrie, Matthias Corvinus. Les miniatures sont l’œuvre de l’artiste florentin Attavante degli Attavanti, de l’entourage de Léonard de Vinci. Ce chef-d’œuvre de la Renaissance italienne faisait partie de la magnifique Bibiotheca Corviniana, dont la collection a ensuite été dispersée.
Lorsque Marie de Hongrie retourna à Bruxelles en 1526 après la mort de son mari, le roi Louis II de Hongrie, elle emporta avec elle le précieux missel des collections royales. Après la mort de la gouvernante en 1558, son neveu Philippe II fit apposer ses armoiries sur le manuscrit et ordonna qu’il soit désormais conservé dans la Bibliothèque des Ducs de Bourgogne à Bruxelles. Il constitue aujourd’hui l’un des joyaux de notre riche collection et est également accessible en ligne.
Découvrez le missel en ligne :
De la musique pour la cour des Habsbourg : Chansonnier de Marguerite d’Autriche
Le chansonnier de Marguerite d’Autriche est un incontournable parmi les 100 objets. Cet objet a été réalisé au début du XVIe siècle dans l’atelier du célèbre Petrus Alamire. Il contient des messes magnifiquement composées par les meilleurs compositeurs flamands Mathias Pipelaere et Pierre de la Rue. Ils font partie des compositeurs franco-flamands dont le répertoire polyphonique a résonné dans toute l’Europe occidentale et centrale aux XVe et XVIe
siècles.
Tant le contenu que la conception de ce luxueux manuscrit ne laissent aucun doute quant à son destinataire. En haut du feuillet de droite, au début de la partie de ténor, Marguerite d’Autriche est représentée. Elle est agenouillée en prière et regarde la représentation de Marie à l’enfant, qui introduit la voix superius ou la voix la plus haute sur le feuillet de gauche. Les marguerites entourant l’écu en forme de losange, qui apparaissent également dans la décoration de la bordure, font allusion à son nom.
Regardez de plus près le chansonnier dans notre catalogue :
[Chansonnier of Margaret of Austria] – OPAC (kbr.be)
La botanique médicale – entre tradition et innovation : Het Cruydeboeck
Le Cruydeboeck est un jalon important dans l’histoire des sciences. Il a été compilé par Rembert Dodoens (1517-1585), médecin de la ville de Malines et plus tard médecin personnel à la cour impériale d’Autriche. L’herbier a été publié pour la première fois par Plantijn à Anvers en 1554 et est resté un ouvrage de référence tout au long des XVIe et XVIIe siècles. Il a été réimprimé à plusieurs reprises et traduit en plusieurs langues. Bien qu’il s’inscrive dans la tradition séculaire de l’herboristerie médicinale remontant à l’Antiquité, certains de ses aspects sont précurseurs de la botanique moderne.
Le Cruydeboeck donne un aperçu de plus de 1 000 plantes médicinales, ainsi que des animaux et des minéraux qui étaient utilisés dans la préparation des médicaments. Il s’agit avant tout d’un ouvrage d’usage destiné aux médecins, pharmaciens, sages-femmes et étudiants, mais il contient également des registres multilingues qui permettent de consulter les plantes en néerlandais, en français, en latin et en grec.
Découvrez le Cruydeboeck dans notre catalogue :
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/16265239
OokLes éditions de 1618 et 1644 sont également numérisées et disponibles via
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/17124208
et
https://opac.kbr.be/LIBRARY/doc/SYRACUSE/18574475