KBR et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique font l’acquisition de deux dessins inédits de James Ensor

Les deux œuvres seront présentées lors de l’exposition « James Ensor. Inspired by Brussels », qui sera inaugurée le 22 février 2024 à l’occasion de l’Année Ensor. Cette exposition est le fruit d’une collaboration entre deux établissements scientifiques fédéraux : KBR et les MRBAB.

Un dessin de concours pour KBR

La nouvelle acquisition de KBR est une grande feuille représentant le torse de Laocoon, un élément de la célèbre sculpture grecque exposée au Vatican depuis 1506. Ceux qui connaissent James Ensor principalement à travers ses scènes de masques ne reconnaîtront pas d’emblée la main du maître dans ce dessin. Il faut savoir que le jeune homme, qui allait devenir l’un des artistes d’avant-garde les plus importants de son temps, n’avait que dix-huit ans lorsqu’il a dessiné le sujet. Avec ce dessin, Ensor termine troisième de la classe « Dessin d’après un torse antique et des fragments ». Cette étude est basée sur un moulage du haut du corps de Laocoon. Ensor met l’accent sur la souffrance et l’attitude de lutte de ce prêtre troyen, comme on peut le voir dans la sculpture originale.

Le dessin se distingue des autres dessins de l’académie d’Ensor par sa rareté exceptionnelle en tant que dessin de concours.

– Daan van Heesch, conservateur du Cabinet des Estampes de KBR
James Ensor, Torse de Laocoon, 1878. Fusain et crayon sur papier, 820 × 580 mm. KBR, inv. F-2023-3.

Un Napoléon inspiré d’Antoine Wiertz, côté Musées royaux

L’œuvre acquise par les Musées royaux prend la forme d’un dessin à la craie d’une vingtaine de centimètres de hauteur. Intitulée Napoléon d’après le sujet principal, il a vraisemblablement été réalisé dans les années 1910-1920 et s’inspire de Une scène de l’enfer, un tableau d’Antoine Wiertz peint en 1864, toujours présenté aujourd’hui au sein du Musée Wiertz. Ce lien artistique fascinant s’explique : Ensor étant un grand admirateur de l’œuvre d’Antoine Wiertz, il a pu voir ce tableau au Musée Wiertz lors de ses années de formation à Bruxelles (1877-1880).

Le lien entre James Ensor et Antoine Wiertz, leur goût commun pour l’excentricité, l’humour et le colorisme, mais aussi leur attirance pour le macabre ou pour la figure de Napoléon Bonaparte, confèrent à cette acquisition un caractère tout particulier.

– Sarah Van Ooteghem et Davy Depelchin, respectivement conservateur en charge des œuvres sur papier modernes et conservateur en charge de la collection des peintures du XIXe siècle et des sculptures du XIXe  siècle aux MRBAB

James Ensor, Napoléon, ca. 1910-1920. Craie noire rehaussee de differents couleurs de craie sur papier, colle sur du papier Japon, 226 x 137 mm. Musees royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, inv. 12678

De riches collections aux MRBAB et à KBR

Ensemble, les deux institutions possèdent plus de 200 œuvres d’Ensor et sont les plus anciennes collections publiques du peintre au masque. KBR a été la première institution publique à acquérir des œuvres d’Ensor. En 1892, KBR achète 25 eaux-fortes de l’artiste. Trois ans plus tard, les MRBAB ont suivi en achetant le tableau Le Lampiste, un chef-d’œuvre précoce d’Ensor datant de 1880. Au fil du temps, les deux institutions ont enrichi leurs collections d’Ensor avec des œuvres qui seront présentées dans le cadre de l’exposition. La sélection pour l’exposition inclura également plusieurs prêts de collections privées belges. Le Cabinet des Estampes de KBR ainsi que les Musées Royaux poursuivent leurs efforts afin d’enrichir la collection fédérale par des œuvres majeures d’Ensor et s’efforcent de présenter l’image la plus complète de son œuvre.

Ensor et Bruxelles en images

Les deux dessins seront intégrés dans l’exposition « James Ensor. Inspired by Brussels » qui ouvrira ses portes le 22 février 2024. Bien qu’Ensor soit inextricablement lié à Ostende, c’est à Bruxelles qu’il s’est révélé en tant qu’artiste et qu’il est devenu une figure centrale de l’avant-garde belge. Ce n’est pas un hasard si l’exposition a lieu dans les magnifiques salles du Palais de Charles de Lorraine, qui fait désormais partie de KBR lorsque l’on sait que du vivant de James Ensor, le palais était le musée d’art moderne, où il exposait lui-même des œuvres d’art controversées.

 La collaboration entre KBR et les MRBAB n’est pas seulement le fruit d’une histoire commune, mais témoigne également d’une volonté explicite et partagée de valoriser le patrimoine que ces institutions préservent et étudient et de rendre la collection fédérale accessible à un public le plus large et diversifié possible. L’exposition est une bonne occasion de mettre à l’honneur James Ensor, artiste belge de renommée internationale, et la ville de Bruxelles qui a joué un rôle déterminant dans le parcours de l’artiste

– Sara Lammens, directrice générale de KBR et directrice a.i des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique